La Collectivité de Corse (CDC) traverse une période d'incertitude budgétaire marquée par un emprunt de 119 millions d'euros et une dette qui dépasse désormais le milliard. Alors que la majorité territoriale rêve d'autonomie, l'opposition dénonce une gestion financière qu'elle juge catastrophique, avec un manque d'investissements criant.
Le 9 juillet, la CDC a signé deux emprunts totalisant 70 millions d'euros, sur les 119 millions votés en mars 2024 lors de la présentation du budget primitif. Ce choix a suscité des critiques, notamment de Jean-Christophe Angelini, ancien membre de la majorité territoriale, qui estime que si la CDC était une entreprise, elle serait en situation de dépôt de bilan.
Les dépenses de fonctionnement, qui dépassent le milliard d'euros, écrasent les investissements, limités à 385 millions d'euros, soit seulement 27% du budget. Cette situation financière tendue est exacerbée par un "effet ciseau", où les dépenses surpassent les recettes.
La fiscalité de la CDC repose largement sur le tabac, la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), et les droits de mutation à titre onéreux (DMTO), des sources de revenus qui, selon Alex Vinciguerra, président de l'Adec, sont contraires aux valeurs de la majorité territoriale. Il appelle à un nouveau pacte budgétaire avec l'État, notamment une part plus importante de TVA.
Le processus de Beauvau, censé clarifier le statut d'autonomie de la Corse et sa situation budgétaire, est actuellement à l'arrêt, laissant planer une incertitude sur l'avenir financier de la collectivité.
La gestion du personnel, avec 4328 agents, dont 342 non titulaires, est également au cœur des débats. L'opposition critique un excès de personnel qui asphyxie l'investissement, tandis que l'exécutif défend une "politique sociale". Alex Vinciguerra, tout en rejetant le terme d'austérité, prône une "sobriété" budgétaire et rappelle la capacité de remboursement de la CDC, bien que l'inflation ait coûté 50 millions d'euros en 2024.
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